Les Su-25 du 368.OChAP ont combattu deux ans en Afghanistan au départ des bases de Bagram et de Kandahar,
avant de rejoindre la RDA en mai 1988. © H.Mambour.
The Su-25 of the 368.OShAP fought during two years in Afghanistan,
flying from Bagram and Kandahar airfields before moving to Demmin-Tutow in May 1988. © H.Mambour.
Le lundi 24 décembre 1979, plusieurs milliers de parachutistes soviétiques étaient déposés sur les principaux aérodromes
afghans. Leur mission : préparer une intervention massive de l’Armée soviétique afin de restaurer l’autorité bafouée du
Parti démocratique populaire d’Afghanistan, un parti « frère » - entendez par là communiste - dont le règne sur ce pays
sis aux marches immédiates de la « patrie du socialisme » avait débuté à peine un an plus tôt. Pour la direction soviétique
de l’époque et son valétudinaire Secrétaire général, le camarade Leonide Illitch Brejnev, il ne s’agissait-là que du
« devoir internationaliste » de l’Union soviétique, une simple application nécessaire du principe de souveraineté limitée
des États du glacis communiste vis-à-vis de Moscou, ou, en d’autres termes, ce qu’en Occident il était très prosaïquement
convenu d’appeler depuis l’écrasement du printemps de Prague en 1968 la « doctrine Brejnev ».
Les VVS veillent sur Lénine, à moins que ce ne soit le contraire? Un Yak-27R était préservé sur la base de Werneuchen devant
les bâtiments du "stab". Il survit désormais à Hatten dans l'Est de la France. © R.Simon.
The VVS are watching Lenin, or is it the contrary?
A Yak-27R was preserved in front of the HQ buildings at Werneuchen. It was later moved to the Aeropark Diepensee near
Berlin-Schönefeld and is now at Hatten in France. © R.Simon.Trois jours plus tard, un pont aérien constitué de près de quatre cents
avions gros porteurs Antonov An-12, An-22 et
Iliouchine Il-76 déversait sur Kaboul quelque 20.000 hommes des forces aéroportées soviétiques tandis que quatre divisions
d’infanterie mécanisée de l’Armée soviétique, fortes de 45.000 hommes, en provenance de Mary au Turkménistan et de
Douchanbé au Tadjikistan, passaient la frontière soviéto-afghane et se ruaient vers les villes de Hérat et de Mazar-i-Chérif.
Ce même 27 décembre, renforcés par des membres des forces spéciales, les Spetnatz, les parachutistes soviétiques s’emparaient
de Kaboul et contribuaient au renversement puis à l'élimination physique du chef de l'Etat afghan, Hafizoulah Amin
(qui deux mois plus tôt avait lui-même fait assassiner son prédécesseur et protégé de Moscou, Nur Muhammad Taraki),
pour installer à sa place un nouvel homme lige : Babrak Karmal. Ainsi débutait dans la réprobation internationale la plus
unanime qui soit, en ce comprise celle des pays du tiers-monde et du mouvement des non-alignés, une guerre d’usure à
caractère colonial qui en un peu plus de dix ans allait durablement traumatiser la société soviétique et grandement
contribuer à l’implosion du système communiste soviétique. On estime généralement qu’un million et demi d’Afghans et
quelque 20.000 soldats de l’Armée soviétique ont payé de leur vie ce conflit absurde. Face à une U.R.S.S. perçue en
Occident comme dangereusement expansionniste, le président Démocrate américain Jimmy Carter - jusqu’alors trop souvent
dénigré pour sa naïveté et ses tergiversations - outre des sanctions, annonçait une hausse considérable du budget militaire
des États-Unis.
Son successeur, le Républicain Ronald Reagan, non seulement confirmait ces dépenses mais lançait en 1983 avec la Strategic
Defence Initiative ou Initiative de Défense Stratégique (IDS) - rapidement rebaptisée guerre des étoiles par les médias -
un véritable défi aux responsables du Kremlin.
Mikhaïl Gorbatchev n'a pas réussi à sauver l'Union Soviétique. Son portrait abîmé est pourtant exposé ici devant le
hublot d'un Mi-24V en partance pour la Russie (Werneuchen, août 1993). © H.Mambour.
Mikhail Gorbachev
did not succeed in saving the USSR. His battered picture is however exposed in front of a Mi-24V porthole ready to leave
Werneuchen for Russia, in August 1993. © H.Mambour.Par ces décisions, les États-Unis se déclaraient ouvertement prêts à consacrer toutes les ressources nécessaires, quitte
à s'endetter durablement, pour assurer une fois pour toute leur supériorité militaire vis-à-vis de l'Union soviétique
considérée comme “l’empire du mal”. La guerre des étoiles devint le symbole de cette mobilisation de fonds et de capacités
industrielles, scientifiques et technologiques hors du commun. Dopée par une volonté politique sans faille, cette compétition
silencieuse devait obliger les deux systèmes de société opposés à mettre toutes leurs réserves dans la balance. Une guerre
plus rude encore que la confrontation militaire était engagée. L'U.R.S.S., tributaire d’érosions anciennes avec une économie
en plein désarroi, un retard technologique important et un produit national brut estimé au quart de celui des États-Unis,
était prise à la gorge. Lorsque Mikhaïl Gorbatchev devenait, le 11 mars 1985, à cinquante-quatre ans, le plus jeune
Secrétaire général que le Parti communiste soviétique ait connu depuis Staline, le monde stupéfait comprit qu’un épisode
décisif venait de se produire.
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