L'Aviation Frontale soviétique n'avait pas usurpé son nom. L'ensemble de ses avions de combat pouvait en effet être
déployé sur des aérodromes sommaires tels que celui de l'aéroclub de Reinsdorf, dont un Antonov An-2 désormais revêtu de
marquages "ouest-allemands" est vu ici de retour au bercail après avoir largué des parachutistes. © H.Mambour.
Every soviet combat aircraft type were able to land ant take off even from grass airfields like at the Reinsdorf
aeroclub, from where light aircraft like this An-2 were normally flying. Combat aircraft would have been deployed there
in wartime if necessary. © H.Mambour.Enfin, disséminées sur l'ensemble du territoire de l'ancienne R.D.A., existait un ensemble de bases de réserve et de
terrains avancés gardiennés sur lesquels on trouvait souvent des aéro-clubs civils allemands tels : Dessau, Eisenach,
Reinsdorf etc. sans compter tout un réseau de pistes secondaires dissimulées sur des portions d’autoroutes préaménagées
avec des aires de dispersions équipées de déflecteurs en béton et des stocks de guerre prépositionnés en différents endroits
de la R.D.A. (voir > Bases aériennes, pistes et champs de tir). Toutes installations aujourd’hui transformées, par un humoristique revers de l’histoire, en vastes aires de
repos d’Autobahn (autoroute) avec restaurants, coins pique-nique et autres commodités naturelles à la société occidentale.
En avril 1990, intervenait le dernier grand exercice réalisé par la 16.VA en Allemagne. En quelques heures, divers
éléments de son dispositif de combat avançaient de plusieurs kilomètres sur des terrains de désserrement - comme quelques
MiG-25 de Werneuchen que l’on retrouvait, par exemple, à Eisenach (Haina). Ces moyens se voyaient par ailleurs renforcés par
une poignée de chasseurs-bombardiers de pénétration lointaine Su-24 ”Fencer” et intercepteurs Su-27 ”Flanker”, en provenance
des bases proches de Pologne, telles Chojna, Krzywa, Kluczewo, Szprotawa ou Zagan, toutes nichées derrière la ligne
Oder-Neisse. Destinés à frapper en profondeur le dispositif de défense allié, ces chasseurs-bombardiers “Fencer” et leurs
chasseurs d’escorte “Flanker” constituaient en fait la quatrième ligne du dispositif aérien tactique soviétique en Europe
centrale. En d’autres temps cet exercice aurait probablement amené dans le ciel est-allemand bombardiers stratégiques,
ravitailleurs en vol et avions de reconnaissance lointaine en provenance des bases d’U.R.S.S. et inévitablement mis en
alerte une partie des forces de l’OTAN.
Selon des estimations établies par les services de renseignement américains, les installations militaires de l’ex-R.D.A.
pouvaient accueillir, sur une profondeur de 180 kilomètres le long de l'ancienne frontière inter-allemande, environ 2560
appareils de combat et sur les 150 kilomètres suivants pas moins de 1630 appareils. Cette formidable armada n'aura
heureusement jamais été réunie pour bousculer l’OTAN. Un des exemples parmi les plus frappant de cette capacité à accueillir
des appareils en déploiement peut encore être découvert en arpentant les bois aux alentours de l’ancienne base de Brand.
En pleine forêt, hors du périmètre grillagé de la base, une énorme piste de roulement mène à plusieurs plates-formes de
desserrement bien camouflées, avec merlons de protection et zones de retournement capables d'accueillir plusieurs dizaines
d'appareils. Aujourd’hui totalement désertes, les installations de Brand ne reçoivent plus qu’épisodiquement la visite des
hélicoptères de la police de Berlin venus en mission d’entraînement.
Le 27 mai 1994, une journée portes ouvertes fut organisée à Sperenberg en présence du Ministre de la défense
russe, P. Gratchev, dont le Tu-154M est vu ici à l'atterrissage. La patrouille acrobatique des "Strijis" ainsi qu'un Su-27UB
se déplacèrent depuis Koubinka pour l'occasion.
© R.Stöckling.
The 16.VA bid farewell to Germany on 27
May 1994, in presence of the Russian Minister of defence, P.Gratchov, whose Tu-154M is seen here landing.
The 'Strijis' and a Su-27UB from Kubinka took part to the open day organised for the occasion. © R.Stöckling.
Le cimetière mémorial du Treptower Park à Berlin-Est est dominé par cette imposante statue représentant
un soldat soviétique sauvant un enfant allemand, le glaive posé sur une croix gammée brisée. Ce puissant symbole
devint tout naturellement l'emblème des forces soviétiques basées en Allemagne qui prirent la dénomination de Groupe des
Forces Ouest en 1989. © G.Botquin.
The cemetery memorial at Treptower Park in former East Berlin is
dominated by that huge statue, which represents a Soviet soldier saving a German child, his sword resting on a broken
swastika. That powerful symbol became naturally the emblem of the Soviet forces in Germany, known in 1989 as
the Western Group of Forces. © G.Botquin.
Le 11 juin 1994, le ZGV était officiellement dissous. Cet événement était célébré par une grande parade militaire dans
les rues du village de Wünsdorf près duquel se trouvait son quartier général. D’autres cérémonies se déroulaient encore le
25 juin : par l’adieu des troupes russes à la ville de Berlin dans le quartier de Köpenick au cours duquel défilèrent les
1500 hommes et blindés de la garnison de Karlshorst - un adieu plutôt lourd de symboles puisque c’est à Karlshorst que les
généraux soviétiques avaient reçu le 9 mai 1945 la capitulation allemande et c’était également de cette garnison qu’étaient
venues les troupes chargées de mater la révolte du 17 juin 1953 ainsi que les blindés qui avaient fait face aux chars
américains lors de la construction du mur de Berlin en 1961 - et, enfin, le 31 août, par une grande cérémonie au
Schauspielhaus suivie par une prise d’armes au mémorial soviétique de l’arrondissement de Treptow en présence du président
Boris Elstine et du chancelier Helmut Kohl. En fait de célébration il s’agissait plutôt là d’un ultime camouflet, puisque
les généraux russes venaient de se voir refuser une participation à la parade d’adieu officielle des troupes alliées
stationnées à Berlin prévue pour le 8 septembre. Même après avoir fait valoir leur participation à la coalition anti-nazie
et le prix du sang versé par les soldats soviétiques au cours de la Seconde Guerre mondiale - dans l’ultime bataille de
Berlin, l’Armée rouge avait encore payé le sacrifice de 72.000 des siens - “Ni les Allemands ni les Alliés occidentaux n’ont
accepté que soient traités sur le même pied ceux qui, après guerre, ont défendu la liberté de Berlin et ceux qui ont imposé
à la partie est de l’Allemagne un régime communiste honni” (D’après La guerre froide 1944-1994, Le Monde Éditions, Paris, 1994)
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The Air Assets of the Western Group of Forces < Part 1 |

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