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Quelques hélicoptères stationnés à Parchim arboraient cet emblème symbolisant l’Armeyskaya Aviatsiya. © H.Mambour.

Some helicopters based at Parchim had that badge on the nose, which symbolised the Armeyskaya Aviatsiya. © H.Mambour.
Le 28 octobre 1948 est considéré comme la date anniversaire de la création de l'Aviation de l'Armée lorsque la première escadrille d'aviation mettant également en oeuvre des hélicoptères, fut mise sur pied à Serpoukov près de Moscou. Toutefois, la composante voilures tournantes des forces d'aviation soviétiques opérant au profit de l'Armée restait une branche des VVS. Les voilures tournantes étaient initiallement considérées comme une force auxiliaire. Leurs missions comprenaient le transport de charges, le réglage d'artillerie, la reconnaissance et l'établissement de communications stables sur le champ de bataille. Au fil du temps et de l'évolution technique, les hélicoptères devinrent une force indépendante pouvant assurer l'appui-feu aérien pour les troupes au sol. C'est au milieu des années soixante-dix (ce qui correspond à l'entrée en service des Mi-24) que la composante hélicoptères des VVS fut réorganisée pour devenir l'Aviation des Forces Terrestres (Aviatsiya Soukhopoutnykh Voysk - ASV), mieux connue sous le terme "Aviation de l'Armée" (Armeyskaya Aviatsiya - AA). En 1989, cette branche des forces soviétiques gagna son indépendance, mais les hélicoptères de l'AA sont finalement revenus sous le giron des VVS en janvier 2003.
Les unités d'hélicoptères soutenant les forces terrestres étaient organisées en escadrons autonomes d'hélicoptères (Otdel'naya Vertoletnaya Eskadril'ya - OVE) et en régiments autonomes d’hélicoptères (Otdel'niy Vertoletniy Polk - OVP). Ces formations adoptaient souvent une désignation plus précise en fonction de leur type de mission : OBVP, OVP BU, OVE BU, OVO... L'organisation des unités de l'AA en RDA a subi des changements considérables au cours des années 80 et les décrire avec précision est une véritable gageure.

Mi-8 Trois types de formations étaient alors en ligne :
- OBVP (Otdel'niy Boyevoy Vertoletniy Polk ou régiment autonome d'hélicoptères de combat) (1)
- OVE BU (Otdel'naya Vertoletnaya Eskadril'ya Boyevoy i Oupravleniya ou escadron autonome d'hélicoptères de combat et de contrôle) (2)
- OVE OP (Otdel'naya Vertoletnaya Eskadril'ya Ognevaya Podderjki ou escadron autonome d'hélicoptéres d'appui feu)
Les OVE OP n'existèrent pas avant le milieu des années quatre-vingts. Avant leur création, des détachements autonomes appelées OVO (Otdel'niy Vertoletniy Otryad) équipées de Mi-2 et de Mi-8 étaient opérationnels. Les OVO disparurent quand les OVE OP furent mises sur pied afin d'inclure dans leurs effectifs des Mi-24 en plus des Mi-2 et des Mi-8.

Mi-24D Le processus de réorganisation commencé en 1987 au sein du GSFA n'aboutit pas à sa conclusion finale en raison de la chute de l'Union Soviétique et du retrait d'Allemagne. Nous pouvons maintenant estimer que les plans originaux visaient à affecter à chaque division blindée ainsi qu'à chaque division d'infanterie motorisée son propre régiment d'hélicoptères. Le capitaine Youri Koulikov qui servit avec le 241.OVE OP à Hassleben de 1983 à 1987 déclarait en 2006 : "Notre escadron d'hélicoptères était assigné à la 39ème Division d'infanterie motorisée de la garde (GvMSD) stationnée à Ohrdruf. Notre mission était de fournir un appui feu à la 39.GvMSD aussi bien en phase offensive qu'en phase défensive. L'entraînement au tir se faisait avec la mitrailleuse, des roquettes et des bombes sur le champ de manoeuvre d'Ohrdruf. Le tir réel avec des missiles antichar avait lieu au champ de tir de Wittstock. Nos commandants d'escadron furent les lieutenant-colonels Skibine, Proskournich et Troubine. Je commandais un équipage et pilotais un Mi-24V. A côté des Mi-24 de combat et des Mi-8 de transport, nous avions également des postes de commandement Mi-8 et Mi-9. Les Mi-2 furent retirés du service en 1987. Notre escadron était composé de trois groupes (zveno), chacun constitué de deux paires (para) d'hélicoptères. Le concept et le développement des unités de l'Aviation de l'Armée prévoyait un équilibre des forces en Europe. Le nombre d'hélicoptères d'attaque dans les divisions de l'OTAN était d'environ 200 machines (sic). Nous n'avions cependant qu'un escadron d'hélicoptères (OVE OP) par division de combat terrestre. L'objectif était par conséquent d'organiser plusieurs régiments sur base des escadrons d'hélicoptères déjà en service. Mais comment et où obtenir autant d'hélicoptères et de pilotes ? Et avec le début de la perestroika, tout s'est écroulé." Rien qu'en RDA, ce plan concernait 20 divisions et autant de régiments d'hélicoptères de combat. En plus des cinq régiments d'hélicoptères de combat (OBVP) déjà attribués au niveau commandement des cinq armées stationnées en RDA, la flotte d'hélicoptères aurait dû être composée de plus de 1600 machines, ce qui n'était absolument pas réalisable. Aussi, les soviétiques durent improviser en amalgamant les OVE OP déjà existantes (3).
Il existait environ 20 unités de type OVE OP, dispersées sur beaucoup aérodromes et d'autres plateformes. Parfois, 2 à 3 OVE OP pouvaient être stationnées sur une seule base comme à Parchim, Oranienburg, Dresden-Hellerau, Brandis, Stendal et Nohra. Durant la seconde moitié des années 80, les escadrons de type OVE OP disparurent progressivement et fusionnèrent à raison de trois à quatre unités pour former des régiments de type OVP BU (Otdel'niy Vertoletniy Polk Boyevoy i Oupravleniya ou régiment autonome d'hélicoptères de combat et de contrôle). En conséquence, le nombre de bases où étaient stationnés des hélicoptères de l'AA diminua.

OVOOVE OPOVE BUOBVPOVP BU
Années 70~2055
Années 80~2055
Fin des années 80555
Numéros d'unités??6/9/41/296/298172/178/225/336/337439/440/485/486/487

Héritière d'une structure constituée dans le contexte de la Guerre froide, l'Aviation de l’Armée de terre soviétique puis russe en Allemagne était dotée d'un nombre d'appareils et d’unités considérable. Dans le cadre de l'unification allemande et du retrait inéluctable, elle opéra une nouvelle rationalisation de l'implantation géographique de ses régiments et escadrons, par concentration des unités et suppression de la plupart de leurs détachements. En 1991, au moment du début du processus de retrait général, les cinq armées terrestres russes en Allemagne, les 1ère et 2ème Armées blindées de la Garde (Gvardeiskaya Tankovaya Armiya - GTA), les 8ème et 20ème Armées interarmes de la Garde (Gvardeiskaya Obchevoïskovaya Armiya - GOA) et la 3ème Armée interarme "de choc" (Obchevoïskovaya "Oudarnaya" Armiya - OA), contrôlaient chacune deux régiments autonomes d’hélicoptères, de structure et de dotation très différentes (voir > Ordre de bataille de l'AA). Le premier de ces régiments que nous qualifierons de type 1, était un régiment d'assaut et de combat (OBVP). Il était constitué de trois escadrons, aux dotations homogènes, structurés en deux escadrons d'attaque formés de cinq pelotons (Zveno) de quatre Mi-24D/V/P “Hind-D/-E/-F” chacun, soit un total d'environ quarante hélicoptères et d'un escadron d'assaut, formé par cinq pelotons totalisant 20 machines. Deux pelotons de ce dernier escadron étaient composés de 4 Mi-8TV "Hip-E" chacun, deux autres pelotons utilisaient 4 Mi-8T "Hip-C" chacun (plus tard remplacés partiellement par des Mi-8MT et des Mi-8MTV-2 "Hip-H"), tandis que le dernier peloton mettait en oeuvre deux Mi-8VzPU "Hip-D" ainsi que deux autres variantes spéciales du Mi-8T (4).

Le second régiment de type 2, était un régiment plus spécialisé de combat et de contrôle (OVP BU). Sa mission était le soutien direct des forces terrestres de l'Armée à laquelle chaque régiment était attaché, en se déployant de manière autonome au plus près des unités à appuyer. Il était, lui aussi, constitué de trois escadrons mais aux dotations hétérogènes et théoriquement similaires, composés chacun de deux pelotons de quatre Mi-24D/V/P “Hind-D/-E/-F” d'attaque; deux pelotons de quatre Mi-8T/TV/MT/MTV-2 “Hip-C/-E/-H” d'assaut; d'une paire de Mi-24R “Hind-G1” de reconnaissance nucléaire bactériologique et chimique; d'une paire de Mi-24K “Hind-G2” de reconnaissance et de contrôle d'artillerie; d'une paire de Mi-8VzPU “Hip-D” (poste de commandement volant) ou de Mi-9 “Hip-G” (poste de commandement volant et déployable au sol).
De surcroît, chacune de ces armées possédait aussi un escadron autonome de combat et de contrôle (OVE BU) polyvalent doté d'une grosse quinzaine d'hélicoptères comprenant en général de cinq à dix hélicoptères d'assaut et/ou de transport de modèles variés (Mi-8T/T "Salon" “Hip-C”, Mi-8MT/MTV-2 “Hip-H” ou encore Mi-2T/U “Hoplite”); un hélicoptère de commandement léger (Mi-8VzPU “Hip-D” ou Mi-9 “Hip-G”); une paire d'hélicoptères de commandement lourds (Mi-6VKP/Mi-22 “Hook-B/C”); une paire d'hélicoptères de guerre électronique (Mi-8PPA “Hip-K”); une paire de Mi-24R “Hind-G1”; une paire de Mi-24K “Hind-G2” et parfois une machine d'un modèle très peu répandu comme le Mi-8R d'écoute électronique muni d'un radôme rétractable.

Mi-8R Mi-9

Si l'on ajoute aux dotations de ces diverses unités de l’Armeyskaya Aviatsiya en RDA, les hélicoptères de l'escadron spécialisé de Cochstedt, ceux de l'escadron basé à Sperenberg et les quatre escadrons du régiment de transport et d'assaut d'Oranienburg (toutes unités directement subordonnées au QG de la 16.VA), on atteint le nombre impressionnant d'environ 600 appareils. Lorsque l'on sait que la puissance de feu d'un régiment d'hélicoptères de combat standard était supérieure à celle d'un régiment de chasseurs-bombardiers sur MiG-27 “Flogger” ou Su-17 “Fitter”, on imagine aisément la menace que ces unités faisaient planer sur les forces de l'OTAN. L'Aviation de l'Armée de terre soviétique en Allemagne orientale présentait un degré de standardisation remarquable. Elle alignait ainsi à peine quatre modèles d'hélicoptères de base différents : des Mi-2 “Hoplite”, Mi-6 “Hook”, Mi-8/9 “Hip” et Mi-24 “Hind”.

Les hélicoptères n'étaient pas les seules machines volantes mises en oeuvre par l'Armée Soviétique. Chaque armée disposa en effet entre 1980 et début 1988 d'un escadron autonome d'avions de reconnaissance sans pilote. Voir > 3.4 Reconnaissance et Guerre Electronique, partie 8.

With thanks to Stefan Büttner for the additional information about the AA reorganization.

notes

(1) La désignation OVP ou OBVP est souvent rencontrée pour désigner une même unité, ce qui sème la confusion. Il existait bien des OVP qui,
    à la fin des années 70, étaient composés comme suit :
    - une escadrille de Mi-2 (2 à 4 machines)
    - un escadron de Mi-6 (environ 6 machines)
    - deux escadrons de Mi-8 (20 machines par escadron)
    De telles unités furent-elles déployées en RDA, cela reste à démontrer.

    Un OBVP était composé comme suit :
    - deux escadrons de Mi-24 (20 machines par escadron)
    - un escadron de Mi-8 (20 machines)
    Voir la description plus détaillée d'un OBVP sur cette page.

(2) Les unités de type OVE BU ont vraisemblablement connu l'évolution suivante : OSAE > OVE > OVE BU.
    Les OSAE (Otdel'nyaya Smechannaya Aviatsionnaya Eskadril'ya) étaient des escadrons autonomes composite d'aviation. Ces derniers étaient
    en effet susceptibles de mettre en oeuvre également des avions tels que par exemple des Yak-12. Lorsque les voilures fixes disparurent des
    effectifs, les OSAE devinrent des OVE. Ainsi, il semble avéré grâce à quelques témoignages, que le 41.OVE BU etait une unité de type OSAE
    jusqu'en 1977, lorsqu'elle fut transformée en OVE. Le 113.OSAE de Sperenberg était la seule unité de ce type ayant subsisté en RDA.

(3) Ce paragraphe extrait de "Beginning of the end" par Stefan Büttner dans Aircraft, November 2009. Voir > Multimedia.

(4) Certaines versions spéciales du Mi-8T présentaient très peu de caractéristiques externes permettant de les reconnaître.
    Ces appareils non identifiés auraient pû être les modèles suivants :
    - Mi-8TARK : reconnaissance et correction d'artillerie
    - Mi-8VD      : reconnaissance NBC


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