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Taran !

Eliseyev Le pilote de première classe Gennadiy Nikolaïevitch Eliseyev.

First class pilot Gennadiy Nikolayevich Yeliseyev.
Gennadiy Nikolaïevitch Eliseyev, est né le 26 décembre 1937 à Stalingrad. Après avoir terminé ses études secondaires en 1955, il est entré à L'Académie Militaire des VVS de Bataysk dont il sortit diplômé en 1959. Commença alors une carrière militaire classique avec diverses affectations, dont une au 73.GvIAP de Köthen, pour aboutir finalement à la fonction de commandant en second de la section d'entraînement du 982.IAP à Vaziani en République socialiste soviétique de Géorgie. Cette unité était attachée à la 283è IAD de la 34.VA du District militaire transcaucasien ( > Lien). G.N. Eliseyev était inscrit au PCUS depuis 1961.

Map Le 28 novembre 1973, le pilote de première classe Eliseyev entrait dans les annales en abattant par abordage un RF-4C Phantom II Iranien, ce qui constitua une première dans l'histoire de l'aviation à réaction. Ce jour-là, il était en état d'alerte n°1, c'est-à-dire qu'il était déjà assis dans son avion armé, prêt à décoller. Eliseyev (tout seul ?) reçu l'ordre du contrôle aérien du 15è Corps de défense aérienne de Bakou ( > Lien), de décoller avec son MiG-21SM "Fishbed-J" pour aller au devant d’un intrus proche de la frontière soviéto-iranienne, au-dessus de la RSS d'Azerbaïdjan. On notera au passage que le 982.IAP ne faisait pas partie du 15.Korpous PVO, mais l'aérodrome de Vaziani (ou Eliseyev qui avait déjà reçu l'ordre de décoller ?) aurait été plus près de l'objectif que les deux appareils du Corps de défense aérienne déjà en vol. Il reste curieux que Eliseyev ait été sollicité dans la mesure où l'aérodrome de Marneouli (au SO de Tbilisi) où stationnaient les Su-15 du 166.GvIAP PVO du 14è Corps de défense aérienne de Tbilisi se trouvait à deux pas de Vaziani (au SE de Tbilisi). Ayant rejoint l'objectif, il s'agissait maintenant de l'abattre (il semblerait que la procédure normale en cas d'interception consistait à forcer les avions civils à se poser, tandis que les appareils militaires devaient être abattus). L'équipage du Phantom choisissant de s'échapper, le capitaine Eliseyev reçu l’ordre de l'abattre et tira successivement un ou deux missiles air-air sans succès (1).

Painting Taran Il aurait alors reçu l’ordre de détruire l’ennemi à tout prix, voire même de l’aborder. Pour une raison inconnue, Eliseyev n'a pas fait usage de son canon bitube GCh-23L de 23 mm. Quoi qu'il en fut, trois minutes après le début de l'interception, Eliseyev percutait volontairement à 13H15 précises les empennages de l’indésirable avec une aile ou le fuselage de son MiG-21. L’équipage du Phantom, composé d’un "instructeur" américain en place arrière (Col. John Saunders) et d’un "élève" iranien en place avant (Maj. Mohamed Shokouhnia) parvenait à s’éjecter, tandis que le MiG-21 désemparé s’écrasait sur les montagnes avec son pilote toujours à bord. Les rescapés seront quant à eux capturés vraisemblablement par les gardes frontières. Leur libération interviendra 16 jours plus tard, paraît-il en échange de la capsule de données provenant d'un satellite d'espionnage soviétique qui avait atterri accidentellement en Iran. G.N. Eliseyev fut décoré à titre posthume du titre de Héros de l’Union Soviétique le 14 décembre 1973, soit 16 jours après sa mort, ce qui était un délai très court pour ce type de décoration et l'époque. Un monument sera érigé en son honneur et une rue baptisée en son nom à Volgograd où il est enterré. En Allemagne, un mémorial fut construit à Köthen, tandis qu’une peinture retraçant cet exploit prenait place dans le musée du 20.GvAPIB, régiment qui compta dans ses rangs plusieurs pilotes auteurs d’abordages durant la Grande Guerre patriotique. Un autre mémorial fut également érigé sur l'aérodrome de Vaziani (2). Eliseyev fut inscrit pour l'éternité dans les effectifs de son régiment.

Il existe plusieurs récits succints ou détaillés essentiellement en langue russe, mais aussi en Anglais relatant cet évènement. Le recoupement des différentes sources pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses convaincantes, raison pour laquelle nous avons passé sous silence nombre de détails ou d'affirmations ou les avons énoncés de manière conditionnelle ou interrogative. Cette remarque vaut pour l'article ci-dessous.

Monument Le monument érigé à Köthen en mémoire de G.N. Eliseyev. © A.Yakovlev.

The monument erected at Köthen to honour the feat of G.N. Eliseyev. © A.Yakovlev.


Su-15T Kulyapin Le pilote de première classe Valentin Alexandrovitch Koulyapine.

First class pilot Valentin Aleksandrovich Kulyapin.
Une seconde victoire par Taran (Abordage) a été obtenue par le Capitaine Valentin A. Koulyapine le 18 juillet 1981 aux dépends d'un quadrimoteur civil Canadair CL-44 de la compagnie aérienne argentine "Transporte Aereo Rioplatense" (TAR). Alors que la guerre Iran-Irak déclenchée l'année précédente faisait rage, l'Iran, sous embargo américain se procura des armes et des pièces détachées notamment en Israël. C'est dans ce contexte que le courtier Stuart Allan McCafferty (travaillant de concert avec le trafiquant d'armes suisse Andreas Jenni) conclut un accord avec TAR en juin. Il était convenu que le CL-44 immatriculé LV-JTN exécuterait douze rotations à destination de Téhéran au départ de Tel Aviv, via Larnaca à Chypre et la Turquie afin d'éviter de survoler l'Irak. Lors du vol retour après la troisième livraison d'armes et de matériel, le CL-44 en route pour Chypre selon un cap de 300° au départ de Téhéran, dévia de sa trajectoire et survola soit la République socialiste soviétique autonome du Nakhitchevan (entre la Turquie et l'Arménie) soit la RSS d'Arménie plus au nord. Selon un journal de l'époque (> Lien - lire l'article intitulé "Israël sold arms to Iran : claim" pages 1 et 7), l'équipage prit délibérément la direction de l'URSS en tournant à droite pour une raison inconnue. Il y est même suggeré qu'il ait été piégé par de la transplexion (lire le dernier paragraphe de la première partie du dossier "Gabriel sur l'Allemagne"). Des Su-15 du 166.GvIAP PVO (> Lien) stationnés à Marneouli (Sandar) en Géorgie décollèrent sur alerte pour l'intercepter. Incapables de trouver l'objectif et à court de carburant, ils rentrèrent au bercail. C'est alors que la tâche de rattraper l'intrus incomba à un officier politique ("zampolit") commandant d'escadron au sein de la même unité, le Capitaine de la Garde Koulyapine, obligé à son tour de décoller précipitamment (état d'alerte n°2 ? - combien d'avions armés étaient-ils disponibles ?).

CL-44 Su-15 Cette représentation de l'abordage de Koulyapine est extraite de la vidéo disponible en lien dans cet article.

This representation of the ramming of Kulyapin is extracted from a video available in a link on this page.
Ce dernier parvint à rejoindre le CL-44 à une altitude de 11000 mètres et entama différentes manoeuvres afin d'alerter son équipage et le forcer à atterrir sur l'aérodrome de Marneouli. Dans une publication datant de 1985 intitulée "J'ai choisi l'abordage," Koulyapine affirme que ce dernier se livrait à de violentes manoeuvres, profitant des difficultés d'évolution du "Flagon" à la vitesse d'environ 400 km/h. Il prétend également que l'appareil argentin ne portait pas de marquages, ce qui est bien évidemment faux. Faute de résultat, le contrôle au sol donna l'ordre d'abattre le Canadair. Le Su-15 (ou TM selon les sources) "Flagon-D" que pilotait Koulyapine emportait normalement un missile R-98(M)T (AA-3 "Anab") à guidage infrarouge et un missile R-98(M)R à guidage radar. Trop près pour les utiliser, il aurait fallu laisser le CL-44 prendre de la distance afin de pouvoir tirer, laissant à l'avion cargo le temps de quitter l'espace aérien soviétique. Au bout de 13 minutes, Koulyapine demanda la permission de percuter l'avion argentin, ce à quoi le contrôle aurait répondu d'abattre l'appareil à tout prix. V. Koulyapine décida de se glisser sous le stabilisateur droit du CL-44 pour ensuite remonter en le touchant avec le dos du fuselage de son Soukhoï. Cette action entraîna la perte du CL-44 et de son équipage qui percutèrent le sol près de la frontière au niveau de Yerevan, tandis que Koulyapine était obligé de s'éjecter. Ce dernier fut proposé pour une nomination au titre de Héros de l'Union Soviétique, mais il ne fut finalement décoré que de l'ordre de combat du Drapeau rouge à Marneouli en novembre 1981. Il affirme dans la vidéo donnée en lien avec cet article que les "autorités" lui auraient dit de modifier son rapport en réfutant qu'il ait reçu l'ordre d'abattre l'intrus.

- Vidéo russe relatant différentes victoires par "Taran" avec le témoignage de Koulyapine > Lien
- Aviation Safety Network report > Lien
- La consultation du lien suivant "Project Dark Gene and Project Ibex" donnera au lecteur une vision globale du contexte dans lequel
  se sont déroulées ces actions.

notes

(1) Le MiG-21SM disposait de quatre points d'emport sous les ailes, lui permettant de tirer des missiles R-3R et R-3S (AA-2 "Atoll") et parfois même
     de vieux missiles RS-2US (AA-1B "Alkali"). Selon Vladimir Nedostoupenko du 982.IAP, le régiment a reçu les nouveaux missiles R-60 (AA-8 "Aphid")
     six mois plus tard.
(2) On peut deviner ce mémorial au début de la seconde partie du documentaire intitulé "Les maîtres du combat aérien" tourné à Vaziani en 1982.
     Partie 1 / Partie 2.

Taran!

Taran Pilot First Class Captain Gennadiy Nikolayevich Yeliseyev was born on 26 December 1937 in Stalingrad. After finishing high school in 1955, he applied for the Bataysk VVS Military Academy, from which he graduated in 1959. He then began a classic military career, being posted to various units, including the 73.GvIAP at Köthen. Yeliseyev joined the CPSU in 1961. He later became Deputy Commander for Training of the 982.IAP at Vaziani in the Georgian Soviet Socialist Republic. That unit was part of the 283.IAD subordinated to the 34.VA of the Transcaucasus Military District (> Link). He was on duty with that unit when he entered history as the first pilot of the jet era to conduct an aerial ramming.

On 28 November 1973, Yeliseyev was on Alert Readiness N°1, sitting in his fully armed MiG-21SM "Fishbed-J" ready to take off. He (alone?) was ordered by the 15th Air Defence Corps Command Post in Baku (> Link) to take off to intercept a bogey close to the Soviet-Iranian border above the Azerbaydzhan SSR. It should be noted that the 982.IAP was not part of 15. Korpus PVO, but Vaziani Air Base (or Yeliseyev who had already been scrambled?) would have been closer to the target than the two Air Defense Corps aircraft already in flight. It remains strange that Yeliseyev was ordered to take off because the Su-15 of the 166.GvIAP PVO from the 14th Air Defense Corps from Tbilisi were based at Marneuli Air Base (SW of Tbilisi) close to Vaziani Air Base (SE of Tbilisi). Yeliseyev managed to reach the target - an Iranian AF RF-4C Phantom II. It seems that the normal procedure in case of interception was to force civilian aircraft to land, whereas military targets had to be shot down. Yelisevev fired one or two missiles successively against the target without success (3).

Monument Voici le monument original érigé à Köthen à la gloire de Eliseyev. Il sera modifié par la suite (voir photo plus haut). © V.Potekhin

Here is the original monument erected in Köthen to the glory of Yeliseyev. It was later modified (see upper picture). © V.Potekhin
He then received the order to shoot it down at any cost and possibly to ram the invader. He did not use his GSh-23L cannon for unknown reasons. Whatever it was, at 13H15, three minutes after the interception, Yeliseyev rammed the tail of the Phantom with one wing or the fuselage of his MiG-21. The RF-4C crew composed of a US "instructor" (Col. John Saunders) in the rear seat and an Iranian "pupil" (Maj. Mohamed Shokouhnia) in the front seat, ejected safely while the MiG-21 crashed in the mountains with its pilot still on board. The survivors were likely captured by the border guards. They were released 16 days later seemingly in exchange for the data cartridge from a Soviet spy satellite that landed accidentally in Iran. G.N.Yeliseyev was posthumously awarded the title Hero of the Soviet Union on 14 December 1973, just sixteen days after the event, a very quick decision for that time period. He was buried at Volgograd, where a monument honoring his sacrifice was erected, and a local street named in his honor. In Germany, a memorial was built at Köthen Air Base and a painting commemorating that event was placed in the Gross Dölln unit museum. Indeed, the 20.GvAPIB counted among its ranks several pilots who carried out an aerial ramming during WWII. Another memorial was erected at Vaziani (4) Air Base. Yeliseyev was enrolled for eternity in the ranks of his regiment.

There are several short or detailed stories, mainly in Russian, but also in the English language relating this event. The cross-referencing of different sources raises more questions than it does convincing answers. That is the reason why we have ignored many details or affirmations or stated them in the conditional or interrogative. This applies to the article below.

Su-15T R-98 A second ramming (Taran) victory was credited to Captain Valentin A. Kulyapin on July 18, 1981 against a Canadair CL-44 four-engine civilian cargo plane of the Argentine airline "Transporte Aereo Rioplatense" (TAR). As the Iran-Iraq war unleashed the previous year was raging, Iran, under US embargo, procured weapons and spare parts, particularly in Israel. It is in this context that broker Stuart Allan McCafferty (working with Swiss arms dealer Andreas Jenni) concluded an agreement with TAR in June. It was agreed that the CL-44 registered LV-JTN would perform twelve rotations to Tehran from Tel Aviv via Larnaca in Cyprus and Turkey to avoid flying over Iraq. On the return flight from Tehran after the third arms and equipment delivery, the CL-44 en route to Cyprus took a 300-degree course. However, it deviated from its trajectory and flew over either the Autonomous Soviet Socialist Republic of Nakhichevan (between Turkey and Armenia) or the Armenian SSR farther north. According to a newspaper at the time (> Link - read the article entitled "Israel sold arms to Iran: claim" pages 1 and 7), the crew deliberately flew towards the USSR, turning right for an unknown reason. It is even suggested that the crew was trapped by meaconing (read the last paragraph of the first part of the file "Gabriel over Germany"). Su-15 of the 166.GvIAP PVO (> Link) based in Marneuli (Sandar), Georgia, were scrambled to intercept it. Unable to find the target and out of fuel, they returned home. It was then that the task of catching the intruder fell to a political officer ("zampolit") and squadron commander within the same unit, Guards Captain Kulyapin, who was forced to take off in a hurry (Alert Readiness No.2? - how many armed aircraft were available?).

CL-44 Cette photo provenant de la collection personnelle de Koulyapine montre un moteur Rolls-Royce Tyne du CL-44. © R.Altimirov

This photo from Kulyapin's personal collection shows a Rolls-Royce Tyne engine from the CL-44. © R.Altimirov
Kulyapin V.Koulyapine et ses décorations. L'ordre de combat du Drapeau rouge est à gauche.

V.Kulyapin and his awards. The Combat Red Banner Order in on the left.
The latter managed to join the CL-44 at an altitude of 11000 meters and began various maneuvers to alert its crew and force it to land at Marneuli. In a 1985 publication entitled "I Chose to Ram," Kulyapin said that the CL-44 engaged in violent maneuvers, taking advantage of the lack of maneuverability of the "Flagon" at a speed of about 400 km/h. He also claimed that the Argentinian aircraft had no identification markings, which is obviously wrong. As the situation did not evolve positively, ground control gave the order to shoot down the Canadair. The Su-15 (or TM depending on sources) "Flagon-D" that Kulyapin was flying normally carried an R-98(M)T (AA-3 "Anab") missile with infrared guidance and an R-98(M)R with radar guidance. Being too close to launch them, he would have had to put some distance between his aircraft and the CL-44 before he would be able to fire. However, the cargo plane could have left the Soviet airspace by that time. After 13 minutes, Kulyapin asked permission to strike the Argentinian aircraft. Ground control ordered him to shoot down the intruder at all costs. V. Kulyapin decided to slip under the right stabilizer of the CL-44 and then pull up to strike it with the back of the fuselage of his Sukhoi. This action led to the loss of the CL-44 and its crew that struck the ground near the border SW of Yerevan, while Kulyapin had to eject. The latter was proposed for a nomination as Hero of the Soviet Union, but he was only decorated with the Order of the Combat Red Banner at Marneuli in November 1981. He states in the video mentioned below that the "authorities" told him to modify his report by refuting that he was ordered to shoot the intruder down.

- Russian video about different "Taran" victories with a testimony of Kulyapin > Link
- Aviation Safety Network report > Link
- Visiting the link > "Project Dark Gene and Project Ibex" will give the reader a global vision of the context in which these actions
   took place.

notes

(3) The MiG-21SM had four underwing hardpoints that could carry four R-3R and R-3S (AA-2 "Atoll") missiles and even sometimes the old RS-2US
     ("AA-1B " Alkali") missiles. According to Vladimir Nedostupenko of the 982.IAP, the regiment received new R-60 (AA-8 "Aphid") missiles
     six months later.
(4) One can have a glimpse of that memorial in the second part of this documentary filmed at Vaziani in 1982 entitled "Master of Air Combat."
     Part 1 / Part 2.


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